dimanche 10 décembre 2017

Extraction roman


Il lui fallait de la douceur et s'enivrer de la beauté autour de lui. Être en harmonie avec son environnement. La campagne était le - seul - lieu où il ne sentait pas la présence néfaste de l'angoisse du grouillement citadin.

Il avait cessé de rechercher la vérité autour de lui pour tenter de la trouver dans le lointain. Loin, dans une contrée étrangère, en dehors des repères humains qu'il possédait. Les rêves étaient de ces pays qui permettent de faire les rencontres les plus surprenantes avec soi. Il le savait. Il l'avait toujours su. Être à la fois enraciné et se déplacer par la pensée. Mais de quel lieu parlait-il ?

Aphorismes d'hiver(s)

Les lecteurs qui ne recherchent dans les livres que des histoires n’aiment pas la littérature, comme ceux qui ne recherchent qu’un scénario dans un film ne sont pas des cinéphiles. Du reste ils ne recherchent rien si ce n’est de l’identification ou le pure plaisir de la fiction, donnant l’impression d’être restés enfants.

Être « adulte » face à une œuvre c’est rechercher une rencontre avec un style, une musique, une poésie singulière au cœur d’une histoire particulière. L’histoire est la partie visible d’une œuvre, la plus séduisante à priori et pour laquelle nous ne pouvons faire l’économie, mais si elle tient c’est grâce à ce qui est caché, cette partie immergée, la plus importante, sans laquelle l’histoire s’effondre.

vendredi 21 juillet 2017



Tout le contenu de nos rêves se fait par delà bien et mal.



L'écriture a ce mérite de nous permettre de nous éloigner de notre première réaction face aux événements de la vie, souvent trop impulsive et faisant appel à des aspects instinctifs et primaires, tels que la colère, l'envie, la jalousie,....

L'écriture devrait être un dépassement opéré par la raison et accommodée d'une forme issue de notre cerveau reptilien.




Réaliser une belle photo est à la portée de tous, si tant est que l'on possède un minimum de sensibilité. La photo est pure affaire de statistiques plus on en en fait, plus on a de chance d'en trouver une qui immortalisera un instant singulier.

Un artiste est celui qui, en très peu de clichés, réalisera la photo unique.




Nous écrivons pour ne pas laisser dire aux autres des choses à notre place et pour avoir le sentiment d’avoir réalisé quelque chose qui ne dépend pas des autres mais que de nous-mêmes.




Un artiste ne change pas le monde, il modifie notre perception que nous en avons, qui peut nous aider à le changer.




L’artiste politique est une frange de l’art qui a fait son temps. Le beau n’est pas politique, il doit éveiller les sens, puis la conscience.




Le spectateur de l’Art a besoin d’un intermédiaire sensationnel pour réagir, autre que celui purement idéologique de la révolte ou de son sens civique.




C’est dans la différence d’attitude, aux travers d’inconstances marquées, de réactions inhabituelles, que nous percevons chez un ami à notre endroit, que nous sommes en droit, dans un premier temps, de douter de notre propre comportement à son égard, puis dans un second temps de son incapacité relationnelle à élaborer une même qualité dans le lien que l’amitié exige.

La plupart des personnes considèrent l ‘amitié comme de la camaraderie et sont donc incapables d’approfondir une relation. Leur exigence se limite à des aspects superficiels et ponctuels qui, certes apportent de belles choses.




L’amitié exige, la camaraderie se contente.




Le problème finalement que soulève toute relation humaine est la défense des intérêts propres de chacun.

L'amitié est une relation humaine.

Toute relation digne de ce nom devrait se fonder sur des intérêts communs qui, seuls pourront être partagés.




Les oubliés de l’attente

On parle souvent, en matière d'amour, de l'attente des femmes. Les exemples dans l'histoire ne manquent pas.

L'art, la littérature, la poésie ou le cinéma montrent combien cette attente aura pu être douloureuse et une source d'inspiration pour les femmes, une manière de sublimer le manque.

Ces œuvres, qui montrent cette attente, essentiellement réalisées par des hommes, mettent en abîme le lien entre créateurs et créatures, mais pense-t-on à ces hommes qui attendent et quel(le) artiste saura en extraire la force ?






La naissance de la forme provient de l'écart que l'on opère sur le Temps.

Sinfonia, grave, adagio-andante

Une âme heureuse ne ressent pas le temps. Elle vit dans le temps. Elle n'exprime pas de frontière symbolique entre son temps vécu et le Temps absolu. C'est son action qui guide son destin et ce dernier est en phase avec le flux de sa conscience.


Allemande

Vivre hors du temps, c'est ressentir dans sa chaire, au plus près de sa conscience le fardeau ou la légèreté du temps et s'appesantir sur l'empreinte qu'il laisse en nous pour jouir d'exister, pour se plaindre, pour créer, pour contempler, pour admirer, pour rêver, pour apprécier la jubilation que cette perspective initie en nous, pour se projeter dans le passé ou dans le futur.


Courante

Puis c'est revenir au présent pour cartographier ces va et viens au cœur de notre esprit, sans concession, sans que le flux de l'agir, forme d'ersatz de l'agitation, ne parasite la portée de notre jugement.

C'est de la trace que nous laisserons de ce retrait du temps que naît la forme, le style qui constituent notre idiosyncrasie.


Sarabande

Avec le temps, nous apprenons à dompter le Temps, à trouver ces moments où nous pouvons lui échapper, ces moments où nous sommes seuls, avec ou sans les autres, mais dans un abîme de solitude. Il émerge de ces incursions hors du temps un doux paradoxe, où, si nous prenons le temps d'écrire, de peindre, de sculpter, de composer, en un mot de créer, nous retrouvons dans l'acte même, la joie de l'âme heureuse, celle de vivre en chœur avec le Temps.


Rondeau

Créer c'est se révolter contre l'inexorable destin que le Temps nous inflige, c'est ne pas accepter la fatalité de son déterminisme, la cruelle addiction qu'il peut susciter si nous nous laissons embarquer dans son flux, comme un inéluctable fatum.

Créons notre propre flux et trouvons notre vitesse existentielle.


Capriccio

La campagne est le lieu privilégié de cette retraite et la ville son exacte antidote, un marasme qu'il faut conquérir à force d'habitudes et de lieux fréquentés. Une agitation qu'il faut apprendre à contrôler, souvent malgré soi, malgré notre fragile nature.

Sans doute que l'homme moderne est celui qui accepte cette cadence, ce rythme effréné et qui se donne l'impression, par une habitude mécanique et performative, de dépasser le Temps absolu et ainsi donc de se donner l'impression de remplir son temps et d'avoir une efficience maximale. Mais quelle illusion, quelle erreur que de se fourvoyer dans cette voie. Car l'efficacité nous éloigne de l'être.


lundi 3 juillet 2017



Il faut vivre en intelligence avec le système, mais en révolte contre ses conséquences, il faut vivre avec l'idée que nous avons survécu au pire.

Jean Baudrillard