dimanche 13 décembre 2015


Faire concurrence à nos rêves voilà une ambition à la hauteur de nos vies.

Si nous cherchons à retrouver le chemin de nos rêves ce n'est pas tant pour leur contenu mais bien plus pour la sensation qu'ils éveillent en nous, dans la pleine conscience de leur remémoration.

Lorsque nous rêvons, nous vivons nos rêves comme s'ils portaient en eux les mêmes enjeux que le réel. Lorsque nous les évoquons, nous les vivons à nouveau avec la perspective du réel et les émotions liées à notre expérience de ce même réel.

Les rêves sont le moyen le plus économique pour voyager, voler, jouer, se retrouver dans des situations insolites ou hors normes.

Les rêves sont le seul moyen que nous possédons pour voyager dans le temps.
Les rêves ne sont pas le seul moyen que nous possédons pour voyager dans l'espace. 
Les rêves sont le seul moyen que nous possédons pour voyager dans l'espace-temps.

Nos souvenirs sont également forgés à partir de l'empreinte laissée par nos rêves. 

Nos rêves alimentent, à l'instar du réel, nos souvenirs.
Ainsi, lorsque nous rêvons de nos souvenirs nous rêvons de nos rêves....


Nos rêves sont faits de nos souvenirs,
Des souvenirs de nos souvenirs,
Des souvenirs de nos rêves,
Des rêves de nos souvenirs,
et des rêves de nos rêves. 




Qui suis-je ?

Il gouverne et rythme nos vies, atténue ou amplifie nos joies, nos malheurs, nos souffrances. Il règne sur nos choix et s insinue selon nos contextes de vie dans notre conscience. Il est toujours présent, immuable et solide, lourd ou léger, relatif ou absolu, selon que l'on traverse une période de malheurs ou de bonheurs tout au long de notre existence, ou selon le repère qui fait nos vies. Il nous accompagne jusqu a la fin de nos jours et de nos nuits, fidèle et impassible, et aura toujours le dernier mot!
Il demeure pour les autres, et en particulier pour ceux que l'on aime comme une sensation, une perception.
Il est l'ami de la musique et l’ennemi du présent.
Il nous rend esclave ou nous donne l'impression d'être maître de lui.

mardi 20 octobre 2015

Sur les rêves ...

L'agitation onirique nous rappelle que le réel qui bouleverse notre vie, à son tour, alimente nos rêves... Lors d'épisodes douloureux, nous tentons de résoudre, dans nos rêves, ce que nous n'avons pu résoudre dans notre réel. Les rêves sont une solution au réel. Les rêves sont une solution imaginaire pure à l'équation (complexe) du réel. Les rêves nous aident à réparer ce que le réel à bouleversé ou abîmé. Une activité onirique intense est la preuve que nous avons besoin de nous réconcilier avec le réel. z = a + ib. Faire confiance à notre imaginaire, c'est accepter qu'il existe dans nos rêves une résolution aux problèmes du réel. Nous avons les rêves pour ne pas périr de la réalité ...L'agitation onirique nous rappelle que le réel qui bouleverse notre vie, à son tour, alimente nos rêves... Lors d'épisodes douloureux, nous tentons de résoudre, dans nos rêves, ce que nous n'avons pu résoudre dans notre réel. Les rêves sont une solution au réel. Les rêves sont une solution imaginaire pure à l'équation (complexe) du réel. Les rêves nous aident à réparer ce que le réel à bouleversé ou abîmé. Une activité onirique intense est la preuve que nous avons besoin de nous réconcilier avec le réel. z = a + ib. Faire confiance à notre imaginaire, c'est accepter qu'il existe dans nos rêves une résolution aux problèmes du réel. Nous avons les rêves pour ne pas périr de la réalité ...

jeudi 15 octobre 2015

Ce n'est pas tant la recherche du seul plaisir qui anime nos désirs mais la projection mentale de leur accomplissement qui engendre une pleine satisfaction.


 

"Le véritable artiste est celui qui voit une forme là ou d'autres ne voient qu'un contenu."


 

Les moments de grâce sont d'infinis instants parsemés d'éclairs de lumière que nous contemplons de la cime du temps.

dimanche 19 avril 2015

Naissance de l'existentialisme

 
« Donc j’étais tout à l’heure au Jardin public. La racine du marronnier s’enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine. Les mots s’étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d’emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J’étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse, entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j’ai eu cette illumination.
Ça m’a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n’avais pressenti ce que voulait dire ‘exister’. »

samedi 21 février 2015

Citation

"Seulement n'empêche que la science prouve que la terre est surtout ronde. Ce qu'actuellement personne ne conteste.
Or, actuellement, on en est encore, malgré ça, à croire que la vie est plate et va de la naissance à la mort.
Seulement, elle aussi, la vie, est probablement ronde, et très supérieure en étendue et capacité à l'hémisphère qui nous est à présent connu". Vincent Van Gogh

samedi 24 janvier 2015

Le trône du Fer

De l'ombre à la lumière

Des étoiles naît la lumière et cette lumière parvient à nos yeux, récepteurs privilégiés d'une longue et périlleuse traversée à la célérité de 300 000 km/s.
Compte tenu de l'échelle des grandeurs dans l'univers, c'est l'unité que les astronomes utilisent pour mesurer la distance entre les étoiles, entre les corps célestes. Une année lumière** est donc la distance que la lumière parcourt (dans le vide) pendant un an, soit 9 460 milliards de km.
Au cœur des étoiles se déroule sans doute le phénomène le plus extraordinaire qui soit, source de la vie et de la variété chimique.
Une étoile est la source de réactions thermonucléaires, c’est à dire l'origine même de l'élaboration des espèces chimiques élémentaires que nous connaissons tous dans le tableau de classification périodique des éléments. Les mêmes qui composent la matière organique et donc notre corps.
Essayons de comprendre comment le mécanisme qui est en jeu est le fondement même de toute existence et quels sont les rouages qui sont en action?

Qu'est ce qu'une réaction thermonucléaire?

A l'origine il y a l'atome d'hydrogène (1 proton et 1 électron).
La fusion est le mariage de noyaux légers qui donne naissance à des noyaux plus lourds comme l’hélium, par exemple. Elle s’accompagne d’une très forte libération d’énergie.


Cette réaction est difficile à réaliser car les forces nucléaires qui lient les nucléons n’agissent qu’à très faible distance alors que la force électrique crée une barrière répulsive qui empêche les noyaux des atomes, qui sont chargés positivement, de s’approcher assez près les uns des autres.
Pour passer cette barrière, les noyaux doivent se trouver dans un état d’agitation thermique très grand. C’est le cas lorsqu’ils sont portés à très haute température.

Pourquoi les étoiles brillent-elles ?
La fusion existe naturellement dans les environnements extrêmement chauds que sont les étoiles, comme le Soleil. Il y a, au cœur du Soleil, une température de l’ordre de plusieurs dizaines de millions de degrés qui permet la fusion de noyaux légers comme ceux d’hydrogène en hélium. Ces réactions de fusion thermonucléaire libèrent beaucoup d’énergie et expliquent la très haute température de cet astre qui atteint en surface les 5 700 °C. Une très petite partie de l’énergie rayonnée par le Soleil atteint la Terre et permet la vie sur celle-ci.
Dans des étoiles plus massives que le Soleil, des températures encore plus hautes permettent la fusion de noyaux plus lourds que ceux de l’hydrogène. Ces réactions produisent, entre autres, des noyaux de carbone, d’oxygène et même de fer au cœur des étoiles les plus chaudes.
Dans l'histoire de l'univers on peut suivre l'évolution des espèces chimiques qui ont tendance à se complexifier. Les masses des noyaux des atomes, grâce aux nucléosynthèses, augmentent en fonction des événements que l'univers rencontre.
.....
L'atome de fer tient un rôle particulier dans ces bouleversements chimiques. Il est l'élément le plus stable de la classification périodique.

Le fer 56 est le nucléide stable le plus lourd issu de la fusion du silicium par réactions α lors de la nucléosynthèse stellaire, qui aboutit en fait au nickel 56, lequel est instable et donne du 56Fe par deux désintégrations β+ successives ; les éléments de numéro atomique plus élevé sont synthétisés par des réactions plus énergétiques intervenant plutôt lors de l'explosion de supernovæ.
Le fer est ainsi l'élément le plus abondant au cœur des étoiles géantes rouges ; c'est également le métal le plus abondant dans les météorites ainsi que dans le noyau des planètes, comme celui de la Terre.
Ainsi l'Univers, lorsqu'il aura épuisé tout son stock d'hydrogène et d'atomes légers, sera constitué presque exclusivement de FER.

 
**1 année lumière signifie que la lumière parcourt en 1 an la distance suivante : 
1 an représente 365 jours, dans une journée il y a 24 h, et dans 1h il y a 3600s, ce qui donne 365 x 24 = 8760 h soit 8760 x 3600= 31 536 000 s. Et donc 300 000 x 31 536 000 = 9,46 10exp(12) km = 9 460 000 000 000 km


Exemples :
  • La Lune orbite à 1,28 seconde-lumière de la Terre.
  • La distance Terre - Mars (prochain voyage spatial habité probable) varie approximativement entre 3 et 22 minutes-lumière et nécessiterait un vol d'une durée de 6 à 9 mois compte tenu des phases d'accélération et de freinage.
  • De manière similaire, la Terre orbite à 8,32 minutes-lumière du Soleil.
  • Neptune (planète la plus lointaine du Soleil, est située à 4,17 heures-lumière du Soleil. Pluton orbite pour sa part entre 4,11 heures-lumière et 6,83 heures-lumière du Soleil.
  • Fin 2013, Voyager 1 se situait à plus de 17 heures-lumière du Soleil.
  • Le nuage d'Oort, extérieur du système solaire, est à environ une à deux années-lumière du Soleil.
  • L'étoile la plus proche (hors Soleil), Proxima Centauri, se situe à 4,22 années-lumière.
  • Le rayon de l'Univers observable mesure environ 46,6 milliards d'années-lumière. Une erreur commune consiste à croire que ce rayon vaut 13,8 milliards d'années-lumière, attendu que l'âge de l'univers est de 13,8 milliards d'années et que rien ne peut excéder la vitesse de la lumière. Le rayon de l'univers observable est pourtant bel et bien supérieur à cause de l'expansion de l'Univers.

jeudi 22 janvier 2015

......

Tout commencement, toute naissance, tout dévoilement se retrouvent dans
le prélude de "l'Or du Rhin".


Pourquoi tout doit avoir un début, une origine (?)

Est-ce constitutif de notre pensée, de notre façon de percevoir, de concevoir l'existence ?

Certains grands philosophes intègrent dans leur système de pensée le fait même que l'Histoire a un sens, donc une direction donc un but et finalement une origine. Hegel fonde sa doctrine sur ce principe, se faisant, se considère comme une origine de l'histoire de la philosophie.
Croire en un tel modèle doit nous rassurer et constituer une certaine cohérence avec notre propre vie. Ne possède t-elle pas un début puis une fin qui s'incarnent dans la naissance et la mort ?
Le grand tout ne serait il pas à notre image ?
Voilà une question qui cristallise toutes les passions. Le XXe siècle aura bien été le moment de l'humanité qui a soulevé cette question grâce à la théorie de la relativité restreinte puis générale d'Albert Einstein.
Sans doute le grand bouleversement qui nous aura été donné d'une autre vision du temps.
Sans oublier l'œuvre de Proust, qui, à sa manière, celle d'un artiste, créateur de forme, interroge la mémoire et donc le temps.
Le lien de causalité, cher à Leibniz et Descartes, continue de hanter les plus grands esprits qui voient en ce modèle un mécanisme anthropologique et obsessionnel. Car ne pourrait-on pas envisager une autre histoire ? Sans commencement, sans fin...
La théorie du big bang suppose une origine, un commencement à l'univers. Elle présuppose donc que le Temps n'existait pas avant cet instant. Imaginer cette possibilité nous plonge hors de nos conceptions et donc hors du temps. L'esprit est incapable de se figer sur ce moment et même notre imaginaire, autrement plus malléable et libre pour ne pas dire imaginatif, se raccroche au réel et au rationnel. C'est dire la toute puissance de cette hypothèse dans laquelle nous nous perdons et nous errons jusqu'aux confins de nos neurones.
Tout se résume à une histoire de limites, celles de notre réalité, celles de notre imagination, celles que les sciences sont capables de nous dévoiler. Les mathématiques n'ont elles pas permis de repousser ces limites au-delà du concevable lorsque certains se livraient à des expériences de pensée ou mieux encore, à des calculs d'une extrême finesse qui leur permettaient d'entrevoir et de poser les nouvelles bases d'une théorie physique quand bien même la réalité les empêchait de la vérifier. Toute la capacité du cerveau humain à se diriger vers des pistes que l'intuition guide et l'imaginaire développe. Je pense à Einstein qui, alors qu'il se reposait, fut sujet à de fortes palpitations et que son corps tout entier réagit à une vision qui le marquera pour toujours. Lorsque nous tombons nous ne sentons plus notre propre poids.
Le hasard pourrait naître d'une nécessité qui serait n'être qu'une nécessité.
Ce qui détermine une conséquence trouve son origine dans un agencement particulier qui se déroule dans un contexte singulier et propice (ou pas) à développer ses fins. Que de possibilités qui se réalisent, qui se sont réalisées, qui se réaliseront pour permettre que tel ou tel agencement donne naissance à un phénomène, à un début, à une origine. Sans parler de l'instant auquel nous remontons pour identifier la première des causes. Nombre incalculable d'échecs pour une infime pincée de réussites. La loi des probabilités prend dès lors tout son sens dans le monde environnant, microscopique ou macroscopique et au cœur de notre monde intérieur. Ce dernier reste toutefois à part dans la mesure où l'indétermination d'un instant devient la réalisation dans un autre alors que nous possédions en nous les mêmes paramètres qui détermineront des connexions toutes autres, qui aboutiront à de la différence, source d'un nouveau commencement....

Univers inconscient

La partie de l'homme, émergée, celle que nous voyons n'est rien au regard de celle qui se cache, tapie dans l'ombre de nos désirs. La fin du XIX et le début du XXe siècle sont bien les périodes de l'Histoire qui ont mis en exergue ce trait tellement humain. Les biens nommés (par P. Ricoeur) "philosophes du soupçon" (Nietzsche, Marx et Freud) ont, chacun dans leur style*, démontrés que ce qui caractérise l'action humaine est déterminé par un ensemble de paramètres qui ne dépendent pas de la volonté, mais de tout autre chose. Spinoza, leur père spirituel sur ce plan ci, en avait déjà esquissé la colonne vertébrale dans sa fameuse lettre à Schuller. 
Lorsque nous additionnons l'ensemble des masses des corps célestes de l'Univers, il apparaît que cette somme ne représente qu'un dixième de sa masse totale. Mais où sont passés les autres 9/10e de la masse de l'univers ? 
Ce que l'on appelle la masse cachée constitue l'un des plus grands domaines de recherches actuel, car l'un des plus profonds mystère que la science ne sait toujours pas rationaliser donc théoriser. Il risque de déterminer la continuité (ou pas) de la théorie de la relativité générale dans le futur de l'humanité et donc de nous révéler ce que l'Univers représente réellement....un "inconscient" céleste. Mais de quelle teneur ?

* voir prochains articles sur ces pensées.

Sculpter un portrait

"Quelle affreuse tristesse !
Il n'y a pas de pire métier que l'art, docteur. 
Le génie se paie.
Quelle vie !
Quel drame !
La vocation artistique est une vocation excessivement dangereuse et à laquelle très peu de gens sont capables de résister. 
L'Art s'adresse à des facultés de l'esprit particulièrement périlleuses, à l'imagination et à la sensibilité, qui peuvent facilement arriver à détraquer l'équilibre et à entraîner une vie peu d'aplomb." (...) 


ÊTREEXISTERVIVREÊTREPENSERCRÉER COMPOSERRÊVEREXISTERÊTREVIVREÉCRIRE
 CRÉERÊTREPENSEREXISTERVIVRE PENSER SCULPTER EXISTERÊTREVIVREÉCRIREEXISTERPENSER CONTEMPLERÊTRE EXISTERVIVRE PENSERCRÉER RÉALISER  

Après survint...la folie - Une Idée de la Beauté







Sans doute l'un des plus beaux films de ces 20 dernières années.....

Peinture de l'histoire ou histoire la peinture ?

Un film pétri de culpabilité dont l'origine se trouve dans la religion et le contexte socio-historique. L'histoire d'une femme, des femmes en Angleterre à la fin du XIXè. L'emprise des hommes et de la religion incarnée dans et par les hommes. Une œuvre qui demeure d'une intemporelle beauté, tant la pureté de la forme est saisissante. Le visage solaire de l'héroïne qui, peu à peu, se durcit alors que les évènements et la dramaturgie évoluent vers l'obscurité. Un film où les contrastes entre l'extérieur et l'intérieur finissent par converger vers une unité. Le travail du cinéaste et du chef opérateur nous montre cette correspondance entre ces états intimes du personnage et les paysages ou actions à l'écran. De la récolte des blés (à la manière Millet) lumineuse et radieuse à la pénibilité du travail dans les champs de betteraves, sombres et humides ,en passant par la perte du nourrisson et la partie de campagne.

Une inquiétante étrangeté

Un film classique par sa forme, sans artifice ni trouvaille dont le centre de gravité est une histoire originale. Fincher et son scénariste (Eric Roth, excellent, souvenons-nous de 'The good Shepherd' ou 'Munich') en adaptant la nouvelle de S. Fitzgerald se sont attachés à nous montrer la longue et lente (c'est là la clef du film) progression d'un personnage qui rajeunit alors que son entourage vieillit. La coïncidence temporelle entre deux êtres qui s'aiment. Tout le début du film permet de nous attacher à Benjamin jeune (à l'intérieur et vieux d'apparence). C'est la condition sinequanone de notre adhésion au présupposé, sommes toutes fantastique, d'un film dont le réalisme est impressionnant. Je n'imagine même pas ce qu'aurait fait un cinéaste mineur dirigé par une production majeure de ce scénario improbable et qui aurait pu vite tourné vers le loufoque!!
Toute l'émotion de ce film vient du fait que nous sommes soumis et formatés à nos repères habituels où les protagonistes vieillissent ensemble. Ici, il n'en est rien. De ce fait une contradiction et un dilemme naissent en nous. Ce sont ces questions que soulèvent le scénario qui m'intéressent car elles relèvent d'une éthique. Comment justifier le désengagement (responsable) de BB lorsqu'il abandonne sa famille? En tant que spectateur lambda pouvons-nous le justifier? De plus lorsque sa compagne se transforme peu à peu en mère et qu'il meure dans ses bras bébé (scène hallucinante et d'une émotion rare; à ce sujet il y avait longtemps que je n'avais pas ressenti une telle émotion collective et palpable dans une salle de Cinéma), toutes nos conventions s'écroulent. Et dit-elle qu'elle pouvait lire dans son regard...
A ce moment, et c'est bien là la réussite de la mise en scène, le réalisme l'emporte, donc l'émotion.
Les voix, off et in, sont les autres éléments fondamentaux du film. Le travail sur les intensités, les inflexions en fonction de l'âge sont réussies. Le film passe du murmure où les paroles sont évoquées à la voix affirmée d'adulte puis reviennent à un cri primal. L'accompagnement de la musique de Desplat est un modèle de simplicité et de discrétion non ostentatoire. Cette volonté de prendre le spectateur à contre courant au regard de la production standard est évidente. En ce sens Fincher a trouvé avec ce film et son film précédent Zodiac un style nouveau, fait de sobriété, même si elle cache un travail colossal sur les détails pour atteindre une véracité, et de classicisme, même s'il y a toujours cette volonté de "provoquer" le spectateur au regard des conventions.

Qu'est ce qu'une monade?

Le mot « monade », qui relève de la métaphysique, signifie, étymologiquement, « unité » (μονάς monas). C'est l'Unité parfaite qui est le principe absolu. C'est l'unité suprême (l'Un, Dieu, le Principe des nombres), mais ce peut être aussi, à l'autre bout, l'unité minimale, l'élément spirituel minimal. Plus subtilement, la notion de monade évoque un jeu de miroirs entre l'Un, la Monade comme unité maximale, et les monades, les éléments des choses ou les choses en tant qu'unités minimales, reflets, de l'Un ; une chose une est comme un microcosme, un reflet, un point de vue de l'Unité ; une âme dit partiellement ce qu'est l'Âme, celle du monde, ou l'Esprit.

mercredi 21 janvier 2015

Aguirre, un voyage initiatique. Une expérience phénomènale

Lorsque du surréalisme né d'un récit hyper réaliste. Une fiction à nulle autre pareille dans laquelle l'homme occupe une place dérisoire au sein d'une nature luxuriante, intemporelle et sauvage. Une Nature trop grande pour lui.
Une pièce de théâtre sur un radeau en 1560 qui, peu à peu se perd dans les méandres d'une nature hostile. La dualité entre l'état de Nature et l'Homme qui, coûte que coûte sauve les apparences pour restaurer un semblant de civilisation dans un décors Nietzschéen. Une stupéfaction sidérante que l'on retrouve dans l'interprétation de K. Kinski qui porte sur ses épaules et dans ses YEUX l'effroyable destin d'une humanité qui se déshumanise...
La musique (électronique) ajoute à ce doux fracas, filmé comme une lente agonie, une dimension qui fait de l'étrange la stimulation privilégiée du spectateur, son cheminement mental que l'on retrouvera dans d'autres pièces magistrales du 7e Art.


L'infini des possibles....

Il est question de philosophie, de Kierkegaard, de logique, d'épistémologie, d'amitié(s), d'amour, mais surtout de peurs. Le bizarre naît de la rencontre voire de la collision entre deux mondes identiques ou dissemblables dans un univers commun. Il est question de souvenirs, d'enfance, donc de voix off, de récit(s), de famille, de psychanalyse, de religion, de ruptures (aussi bien sentimentales qu'existentielles) mais aussi de cinéma, de Truffaut, de Godard, de Nouvelle Vague. Il est question d'un personnage que l'on suit, avec tous ses paradoxes. Tout ce mélange passionnant crée un Monde inquiétant devant lequel le réalisme prend une nouvelle dimension presque fantastique.
Enfin et surtout, il est question de disputes, aussi bien intérieures (conflits) que relationnelles. Elles servent à faire progresser la narration et bouleversent nos repères. Les pertes de mémoire, de langages, les insomnies, les chutes sont autant d'éléments qui nous décrochent de la narration classique pour nous surprendre et nous porter ailleurs.
Les histoires d'amour se croisent, la dissymétrie entre les ressentis amoureux se fait jour. Quelles failles nous poussent vers autrui ou nous agrègent à lui? L'admiration peut-elle être le moteur d'une relation amoureuse? La question de la durée d'un couple, de l'amitié dans l'amour et de l'amour dans l'amitié. Et bien sûr ce qui sous-tend toute problématique, la question du désir et de la sexualité.
Finalement, c'est la question du CHOIX et de la décision qui guide toute l'intrigue. La difficulté est de prendre une option et de s'y tenir fermement.
Le souvenir que j'ai des films est essentiellement lié à une mélodie (et non à l'histoire). Ainsi, parfois lorsque je visionne un film pour la énième fois, selon que le laps de temps est plus ou moins grand, il m'est difficile de retrouver la musique qu'exerçait l’œuvre sur moi. C'est de cette musique originelle dont il est question ici. L’œuvre m'a paru approximative.

Force des neurones

Hasard ou coïncidence?
Luchino, Federico et Michelangelo sont morts d'une maladie du cerveau.
Ils ont tout donné de leur imaginaire.

1 + 1 = 1

La recherche de nos origines passe parfois par une douleur incommensurable ...
       Naissance                                                    Quête
Fraternité         
Maternité                        Origines 
                Conflit(s)
                                                                            Gémellité 
                                      Marque 
  Reconnaissance
Horreur 

H-I-A-T-US

"Les hommes réfléchis se retrouvent souvent à l'écart des réalités de la vie. En tout cas, nous devrions nous préparer à accueillir les tragédies inévitables de la vie. Mais rares sont ceux qui effectuent cette démarche."


"Caminante no hay camino
Se hace camino al andar."



On peut voir ses films comme une transposition de la tragédie antique dans le monde moderne.

La merveille est là... Vers la lumière

Fragilité des êtres dans l'imperturbable mouvement de la vie et du monde.
Vulnérabilité de l'amour au sein d'une nature immuable dans sa dynamique. 
Vision d'un Être sur la poésie du monde dans le mystère qui s'y révèle.
Nous amener dans cette sublime contemplation de ce qui nous échappe dans le réel mais que nous expérimentons tous au cœur de nos pensées, dans le noyau de l'imagination.
Simple fiction ou extraordinaire tentative de nous faire ressentir l'insoutenable légèreté de l'autre dans la naissance du sentiment amoureux et son acuité afférente.



Le bal du diable


L'enfermement et l'ignorance conduisent à la méconnaissance  et à la peur

Un film pour ceux et celles qui se sentent différents
Prône la différence et la singularité plutôt que l'uniformité et la masse. 

L'adolescence n'est-elle pas la période de la vie la plus propice pour montrer ce genre de sentiment ?

Ne jamais jouer avec plus fort que soi 

La honte nous donne la maîtrise de notre force 

La scène de la douche de psychose revisitée  

La relation mère fille 

La naissance de la sexualité 

Le passage de l'adolescence à la femme 

Le cycle des règles 
Analogie entre la première et la scène du bal et reprise des éléments 

La peur de la sexualité

L'homme et son double


La quête de l'autre et de soi, la quête de soi par l'autre et la quête de l'autre par soi, aux confins de la jungle, aux limites de la raison, dans les méandres de la nature ou aux extrêmes du système solaire... 



L'apocalypse de la colère !!
La raison de la folie
La folie de la raison...

 

Contemplation

Quand le cinéma devient POÉSIE
Un cinéaste qui nous rend libre
Une pensée en mouvement
L'essence de l'émotion
Le rythme de la pensée dans sa musicalité la plus noble
histoire(s) de 

Poussières d'Amérique
  
"Ce film est une improvisation. Un journal de travail. Un poème un peu long fait de morceaux d’autres films, de bout de phrases, de musiques et de sons d’un peu de tout. Ecrit dans la langue du cinéma. Sans dialogues. Sans commentaire. Muet. Mais bavard aussi parce qu’il raconte beaucoup d’histoires. Une vingtaine. Brèves, infimes et qui mises ensemble font ce qu’on appelle la grande histoire. Ça parle d’Amérique. Donc de nous..."


Après des études de littérature et une pratique d’acteur et de metteur en scène théâtral, Arnaud des Pallières apprend le cinéma à la Fémis. Le moment fondateur de son cinéma semble pourtant être la conférence de Gilles Deleuze « Qu’est ce que l’acte de création ? », qu’il filme en 1987. Dès lors suivront courts, moyens et longs métrages oscillant entre fiction et documentaire, parmi lesquels Drancy Avenir (1996), Is Dead (portrait incomplet de Gertrude Stein) (1999), Disneyland –Mon vieux pays natal (2001), Adieu (2003), Parc (2008), Diane Wellington (2010), Poussière d’Amérique (2011). Une traversée du présent et du passé que le cinéaste ne cherche pas à documenter mais plutôt à recréer avec des éléments du réel : un voyage d’images et de sons dans lequel l’information disparaît et surgit l’évocation d’un instant, d’une époque, d’un état du monde.    

Abrazos rotos

La Passion selon St Pedro...
Alors que son précédent opus (Volver) m'avait déçu, ce dernier renoue avec un cinéma dont Pedro Almodovar a le secret, un cinéma gouverné par le cœur. Un scénario qui se déroule sur plusieurs années, où s'entrecroisent différentes histoires humaines.
La femme et son emprise amoureuse sur l'homme et le Pouvoir de l'homme sur la femme. La passion amoureuse, éternel sujet romanesque et cinématographique qui passionne le cinéaste depuis toujours dans ce qu'elle possède de tragique et de violent mais aussi de beau et de sublime. La jalousie arrive toujours a détruire l'être aimé. Un vibrant hommage à la Passion que le réalisateur a voué toute sa vie d'artiste au cinématographe.
Etreintes brisées est une œuvre qui cristallise l'essence même de ce qui fait que "le cinéma est plus beau que la vie" (François Truffaut), qu'il permet de vivre des émotions et de "substituer à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs". A l'évidence Almodovar nous livre, comme souvent, le cœur de son inconscient et de son amour de la singularité , de l'originalité dans ce qu'elles possèdent de plus universelles. Comme dans les grands romans, la brisure n'est que le révélateur de ce qui fonde nos richesses.


La lectrice




Ce que nous fûmes se voit dans ce que nous faisons, dans ce que nous devenons....

La honte est-elle la racine existentielle de tout être? Voilà ce que pose comme thèse le dernier film du réalisateur de The Hours qui aime travaillait avec la perspective historique qui inscrit chacun de ses personnages dans une dimension que seul le présent ne suffirait à déterminer.
La rudesse des femmes face à l'épreuve de Histoire que les hommes fabriquent et jugent. Une histoire d'amour, d'un premier amour pour ne pas dire d'un amour premier et unique. La découverte par un jeune homme de la complexité historiographique d'une femme plus âgée que lui, mystérieuse et initiatrice de tous les plaisirs et de l'Amour.
Le monde est-il injuste et doit-on se battre pour que la Vérité apparaisse? Ce que deviendra Mickaël Berg, il le devra au croisement de destins et va retrouver une raison d'éclairer son malheur. La lecture constitue le lien entre Hanna Schmitt et M. Berg qui, même s'il n'évoque pas un concept semblable au début de leur histoire, va au fil du temps représenter un cordon existentiel qui permet la libération (au propre comme au figuré) de Hanna.
Un film qui ne peut laisser insensible car il touche en nous ce que nous avons sans doute de plus enfoui, les souvenirs et les secrets qui nous y rattachent. Un bémol, cependant, à cette œuvre qui ne possède pas à mon goût la force et la puissance évocatrice de The Hours.


Les racines du mal


Beauté et horreur du monde
Les racines du mal
A la veille de la première guerre mondiale, il y a tout juste un siècle, dans un village de l’Allemagne du Nord protestante, se produisent des faits étranges et inexpliqués.Des enfants et adolescents d’une chorale dirigée par l’instituteur du village, leurs familles : le baron, le régisseur, le pasteur, le médecin, la sage femme, les paysans. D’étranges accidents surviennent et prennent peu à peu le caractère d’un rituel punitif.
Le film est accompagné d'une voix-off, interprétée par l'instituteur, personnage clé du film, qui confère à celui-ci, plusieurs années après, sa dimension de chronique.
L'éducation, où la religion protestante rigide et puritaine occupe une place centrale, inscrit l'œuvre dans une dimension historique.
Un film inclassable, entre Dreyer, Bergman, Ford et Siegel, qui mélange les artefacts du film fantastique (celui des séries B des années 60), l'austérité et la beauté du cinéma nordique d'après-guerre, et certains codes du western.
Il est question de rapports entre parents et enfants, entre adultes, et enfants entre eux. Le poids de l'éducation stricte et austère face à l'innocence de la nature enfantine.
Une œuvre d’une mise en scène implacable, redoutable et d’une haute précision, qui nous montre beaucoup mais qui cache énormément (rôle des hors champs*) ce qui induit chez le spectateur plus de questions que de réponses, sur l'intrigue en particulier.
Ce que nous montre en réalité Haneke, et c'est de coutume dans son œuvre, c'est bien le fonctionnement brut et clinique de la mécanique humaine (sociale, familiale, sexuelle,...) dans ce qu'elle a de plus triviale. C'est en ce sens qu'il montre mais ne démontre rien. Il n'est pas là pour juger mais pour nous faire témoigner, ouvrir une fenêtre, une brèche dans le temps. Posé ce constat, il n'en demeure pas moins que ce que nous voyons à l'écran est bel et bien un choix esthétique et surtout éthique du cinéaste... C'est au spectateur de se poser (ou de s’interposer) et de s'interroger en tant que témoin actif du film. Le thème de prédilection de Haneke, la violence (souvenons-nous du stupéfiant Funny Games, version 97), ici plus latente et toute vouée à alimenter le climat du film dans ce qu'elle possède de plus angoissant. Cette violence, nous la vivons, sans qu'elle ne soit dans la réalité filmée. Une des prouesses du film.
Le clivage (subtilement montré) entre deux mondes singulièrement et radicalement opposés, une Nature dont les bruits (vent dans les feuillages, bruit de l'eau) évoquent la douceur ou la chaleur, la musique de la mère Nature (chant des oiseaux), et la beauté plastique (cadrages, plans en noir et blanc exceptionnels) contraste avec la Nature Humaine (vile, calculatrice, violente, froide, cachée), et sa volonté de maîtrise et de domination, notamment du masculin sur le féminin et de l'adulte sur l'enfant. Je repense à cette scène – sublime - lorsque l'enfant offre à son père (pasteur) un oiseau, soigné et maintenant rétabli, en remplacement du sien, et à l'impossibilité pour le père d'exprimer la moindre joie ou de l'affection pure, prisonnier de sa fonction et transformé par le "mal" qu'un enfant ne possède pas (encore!).
A l’image de la musique de Bach, le cinéma de Haneke possède une écriture contrapuntique caractérisée par la superposition de thèmes (voix narrateur/dialogues ou dialogues/bruits Nature), de procédés narratifs contraires (violences des rapports humains/sérénité Nature).
Quand nous songeons que ces enfants dépeints par le cinéaste dans Le Ruban Blanc auront atteint l'âge de la "maturité" dans les années trente, ça fait froid dans le dos....Tentative d'expliquer un des fondements de la barbarie que connaîtra l'humanité 25 ans plus tard, ou mise en abîme d’une perspective historique? On ne peut s'empêcher d'y penser....
Un grand film qui fera date; Michael Haneke nous prouve une fois de plus qu'il reste l'un des plus grands cinéastes de son temps.

A la veille de la première guerre mondiale, il y a tout juste un siècle, dans un village allemand se produisent des faits étranges et inexpliqués.
Le film est accompagné d'une voix-off, interprétée par l'instituteur, personnage clé du film, plusieurs années après.
L'éducation où la religion protestante, rigide et puritaine, occupe une place centrale, inscrit l'œuvre dans une dimension historique.

Un film inclassable, entre Dreyer, Bergman, Ford et Siegel, qui mélange les artefacts du film fantastique (celui des séries B des années 60), l'austérité et la beauté du cinéma nordique d'après guerre et une référence aux codes du western.
Il est question des rapports entre les parents et les enfants, des adultes et des enfants entre eux. Le poids de l'éducation stricte et austère face à l'innocence de la nature enfantine.

Une œuvre qui nous montre beaucoup mais qui cache énormément (rôle des hors champs) ce qui induit chez le spectateur plus de questions que de réponses, sur l'intrigue en particulier.
Ce que nous montre en réalité Haneke, et c'est de coutume dans son œuvre, c'est bien le fonctionnement brut et clinique de la mécanique humaine (sociale, familiale, sexuelle,...) dans ce qu'elle a de plus triviale. C'est en ce sens qu'il montre mais ne démontre rien. Il n'est pas là pour juger mais pour nous faire témoigner et ouvrir une fenêtre, une brèche dans le temps. Posé ce constat il n'en demeure pas moins que ce que nous voyons à l'écran est bel et bien un choix esthétique et surtout éthique du cinéaste... C'est au spectateur de se poser et de s'interroger en tant que témoin actif du film. Le thème de prédilection de Haneke, la violence (souvenons-nous du stupéfiant Funny Games, version 97), ici plus latente et toute vouée à alimenter le climat du film dans ce qu'elle possède de plus angoissant. Cette violence, nous la vivons, sans qu'elle soit dans la réalité filmée. Une des prouesses du film.

Le clivage (subtilement montré) entre deux mondes singulièrement et radicalement opposés, une Nature dont les bruits (vent dans les feuillages, bruit de l'eau) évoquent la douceur ou la chaleur, la musique de la mère Nature (chant des oiseaux) et la beauté plastique (cadrages, plans et noir et blanc exceptionnels) contraste avec la Nature Humaine (vile, calculatrice, violente, froide, cachée), et sa volonté de maîtrise et de domination, notamment du masculin sur le féminin et de l'adulte sur l'enfant. Je repense à cette scène-sublime-lorsque l'enfant offre à son père (pasteur) l'oiseau, maintenant rétablit, pour remplacer le sien, et à l'impossibilité pour le père d'exprimer la moindre joie ou de l'affection pure, prisonnier de sa fonction et transformé par le "mal" qu'un enfant ne possède pas (encore!).

Quand nous songeons que les enfants que nous montrent le cinéaste dans Le Ruban Blanc auront l'âge de la "maturité" dans les années trente ça fait froid dans le dos....Tentative d'expliquer un des fondements de la barbarie que connaîtra l'humanité 25 ans plus tard? On ne peut s'empêcher d'y penser....
Un chef d'œuvre qui fera date, M. Haneke nous prouve une fois de plus qu'il reste l'un des plus grands cinéastes de son temps.

Filmographie:

La faim des fins


"Ce que peut un corps…"
En 1981 dans la prison de Maze, en Irlande du Nord, Raymond Lohan est un surveillant affecté au sinistre Quartier H où sont incarcérés les prisonniers politiques de l'IRA qui ont entamé le "Blanket and Nowash Protest" pour témoigner leur colère (grève de la faim et hygiène corporelle minimaliste). Détenus et gardiens y vivent un véritable enfer.
Un film politique ou une œuvre artistique ? Sans doute les deux à la fois. Un film sur la Résistance, tant psychologique que physique qui conforte notre position de spectateur face à l'insoutenable et le juste, à savoir la conviction de ces hommes à vouloir défendre leurs idées jusqu'au bout, nous touche au plus profond.
L'escalade de la radicalité dans toute sa brutalité et son absurdité nous fait oublier la fiction pour nous plonger au cœur d'un quasi-documentaire sur un évènement, somme toute récent ,de notre histoire contemporaine. Le corps (re)prend une place cardinale est devient le protagoniste essentiel du film à l’instar des derniers plans qui rappellent la peinture caravagesque et le poids de la religion dans cette crise. A ce propos, notons la place centrale et névralgique d’un plan séquence* absolument prodigieux (cadrage, dialogues et jeu des comédiens) entre un détenu et le prêtre, entre la raison et la passion, entre les idées et la tradition, entre la Volonté qui vient de l’intérieur d’un corps contre celle qui exprime un dogme.
Dans un réalisme à couper le souffle vous retrouverez Alex dans une version d'Orange mécanique, moins baroque, où la 9è de ce cher Ludwig est remplacée par les cris et les voies intérieures de la douleur.
Un chef d'œuvre qui laissera une empreinte indélébile dans l’actuel paysage morose de la production uniforme et formatée. Personne n’aura de mal à retenir ce nom : Steve Mc Queen !

Dualité de l'Amour



Nos cicatrices ont le mérite de nous rappeler que le passé n'a pas été un rêve... 

Devenir adulte et utiliser son expérience c'est-à-dire ses erreurs dans un but bien précis, inconsciemment ou non. Comment pourrait agir le transfert chez un homme pourvu d'une extrême sensibilité qui a subi une déception sentimentale?
Une rencontre forcée contre une rencontre fortuite; ce qui nous est donné ou offert, que l'on ne voit pas de prime abord, et ce qui nous échappe mais qui nous interpelle car mystérieux. Comment ces deux types de rencontres vont agir chez Vincent et provoquer cette alchimie faite de décisions ou de passion. Le cœur contre la raison puis avec. Un homme touché face à deux épreuves concomitantes que la vie lui offre, va devenir autre, c'est-à-dire lui-même.
Sur le plan formel c'est une œuvre qui marque par sa simplicité et son classicisme. Nous suivons les choix de Vincent au fur et à mesure des évènements tels qu'ils se déroulent en plans séquences*, sans l’intervention d’une mise en scène psychologisante. Il est probable que le processus identificatoire fonctionne à merveille grâce au choix des comédiens, à l'empreinte des méandres que l'adolescence peut laisser en chacun de nous et du désir (amoureux) qui l'accompagne. Avec ce trio nous évoluons en même temps que Vincent, tantôt touchés, attendris, agacés ou compatissants, tantôt émus, libres, tristes, joyeux ou amoureux. La beauté et la grâce de cette œuvre ne tiennent qu'à l'extrême justesse du ton et à la simplicité représentée à l'écran. Quoi de plus difficile que de rendre accessible la complexité des sentiments qu'en montrant l'évidence, la Vie ? Le talent de James Gray est rare, il est l'apanage des grands.


La voix du maître


Saraband – Bergman
L’étude au scalpel de personnalités vues par d’autres. Les non-dits, les conventions, tant familiales que sociales, ce que les uns pensent des autres et réciproquement. Ce qui est exprimable et ce qui ne l’est pas. Le passé et le présent. Le poids des décisions. La filiation. La relation mère-fille et père-fille. L’amour et la haine. Les souvenirs… Un concentré des thèmes de Bergman dans une seule œuvre ;la dernière. Il me reste après trois jours, un goût que seules les grandes œuvres savent imprégner dans l’âme.

De l'ombre à la lumière...

Le parcours initiatique d'un jeune homme où l'adaptation et l'intégration dans un univers carcéral le conduisent à devenir quelqu'un, c'est-à-dire un être "respectable".
La lumière est sans doute l'objet du film, celle qui nous permet de voir mais aussi de deviner les contours, autrement dit le présent des faits et peu à peu leur futur à travers la vision subjective de Malik ; un transfert d'énergies qui trouve son origine dans un meurtre.
Au travers de la relation entre César (Corse que l'on respecte dans la prison) et Malik, basée sur un jeu de pouvoir à sens unique pendant la majeure partie du film, nous assistons à une ascension fulgurante. Cet univers clos et violent reprend, en raccourci, tous les codes et stratégies de la société. Les grandes décisions et la tête des réseaux se concentrent dans ce lieu privé de liberté, que l’on nomme "la centrale".
Le cinéma est l'Art du Temps. La contrainte de l'enfermement dans une prison est un élément du réel mais en même temps conceptuel, qui permet de rendre paroxystique une ou des situations données, c'est à dire de plonger les protagonistes dans un contexte quintessenciel. Les personnalités et actions sont ainsi exacerbées mais toutefois justes. Les grands films sont ceux qui démontrent (pour ne pas dire qu'ils montrent) que le scénario est au service de la forme. Audiard a ce don, à partir d'un matériau brut et sauvage, de faire naître, de par son style, une poésie co-substantielle à ce qu'il filme et ce qu'il nous raconte. Cadrages serrés, mouvements d'appareils, légèreté de la caméra et lumière en sont ses composantes.
Comme tout grand film , Un Prophète montre une transformation, un changement d'état que le style accompagne en même temps que le(s) personnage(s).


Le Temps scellé

« Il est impossible de parvenir à l’authenticité, à la vérité intérieure (…) s’il n’y a pas un rapport organique entre les impressions subjectives de l’auteur et la représentation objective de la réalité. »
« La fonction de l’art n’est pas d’imposer des idées ou de servir d’exemple. Elle est de préparer l’homme à sa mort, de labourer et d’irriguer son âme. »
« L’art existe et s’affirme là où il y a une soif insatiable pour le spirituel, l’idéal. Une soif qui rassemble tous les êtres humains. L’art contemporain a fait fausse route quand il a remplacé la quête du sens de la vie par l’affirmation, de l’individualité pour elle-même. »
« Seul l’art rend tangible l’infini. »
"Le Temps scellé"


Shining ou le mystère de la création

Comment ne pas être interloqué devant le matériau scénaristique et sa mise en forme que nous offre Kubrick?
En effet pour le réalisateur nous prendre par la main avec lui dans ce film de genre est à prendre au premier degré. Tous les éléments qui composent l'intrigue nous sont donnés d'emblée comme pour nous dire que nous ne sommes pas dans un film "fantastique" commun, nous ne serons pas surpris par ce qui nous surprend habituellement. La préméditation et l'anticipation sont claires, sans ambigüité. Le ressort du film n'est pas là. C'est en donnant au spectateur toutes les informations sur le passé de l'hôtel, les dons du jeune Danny, le drame de 73, (et non en les dissimulant) que nous comprenons qu'il y a une inexorabilité au drame qui va s'engendrer devant nous. Les images que Danny voit dés le début sont à ce propos éloquentes. De plus, en utilisant le montage parallèle (fait rare chez Kubrick) cet effet de trivialité devant le suspense prend une autre dimension.
Comment aborder, en tant qu'artiste, sa création? Voilà la question que soulève cette œuvre. Comment l'inspiration apparaît-elle et disparaît-elle? La machine est humaine, les cris poussés par Jack alors que son état est en mutation, sont ceux des premiers singes de 2001. Cette régression est un nouvel état de conscience dans lequel tout le film va basculer.
Je remarque aussi l'utilisation de la musique "pour cordes percussions et célesta", qui dés l'entrée se Wendy et Danny dans le labyrinthe extérieur va créer un climat si particulier que nous sommes absorbés avec eux. L'angoisse est naissante, la création l'est aussi pour Kubrick. Véritable schéma mental de Jack qui contrôle sa famille en véritable démiurge. Le montage et les raccords son/musique/images sont stupéfiants de synchronicité. Les jours de la semaine sont scandés sur les les sons de timbales. La progression vers ce que nous nommons "la folie" est inéluctable. La conjonction avec Danny qui anticipe les évènements et Jack qui fait sans que nous voyons reste troublante puisque nous ne savons plus qui est à l'origine de quoi. La passivité de Wendy en devient presque agaçante. Ce double discours entre extérieur et intérieur, entre réalité et fiction, entre réalisme et fantastique (comment ne pas penser à la fin de 2001), entre création et folie, fait osciller le spectateur vers sa propre folie. Nous perdons tous nos repères habituels.

La famille, l'enfant, la femme et le mari sont traités avec le cynisme habituel du réalisateur. C'est à Barry Lyndon que je pense, et particulièrement à la condition féminine qui finalement depuis n'a guère évoluée. On ne peut voir un film de Kubrick sans faire des ponts dans toute son œuvre, tant la cohérence est fondamentale. Le genre n'est qu'un prétexte formel dans lequel il réalise ses fantasmes d'enfant et de créateur.

Sur la mort, osons....

A partir d'un matériau de base simple, une œuvre pleine de sens et d'émotion. Un beau jeune homme proche de sa fin décide de ne rien entreprendre pour tenter une thérapie et vivre ces derniers mois dans la solitude. Une seule personne ayant grâce à ses yeux, sa grand-mère, proche de lui, à plus d'un titre. Nous apprenons peu à peu sur la passé de cet homme, et son lien avec l'enfance et notamment avec l'enfant qu'il était. Il se souvient de ses moments importants, ceux qui fondent notre mémoire d'adulte.
La réaction face à une terrible nouvelle celle d'une maladie incurable bouleverse le cours de la vie et nous confronte à notre seule solitude et à notre colère, sentiment d'injustice profond qui fait que nous nous révoltons contre l'impossible que notre entourage peut subir de plein fouet. De fait, il décide d'immortaliser les derniers instants de sa vie (sur quelques mois, à ce propos les ellipses sont d'une cruelle beauté) en photographiant celles qu'il considère comme importantes à ses yeux : sa grand-mère, sa sœur, la mer. Le rôle du féminin dans cette œuvre est fondamental et l'idée de cycle prend un sens particulièrement aiguisé. La vue d'une mère qui allaite son bébé et de la baignade finale dans la mer le renvoie à son origine. La filiation par la paternité semble plus terre à terre, voire inachevée. Le père lui-même blessé ayant manqué l'amour de sa mère, sa sœur qui se voit élever son fils toute seule, et lui qui décide de "se prolonger" avec une inconnue dont le mari est stérile. La différenciation dans la représentation entre l'acte sexuel et la reproduction est symptomatique. Dualité entre beauté, plaisir, jouissance et trivialité, nécessité. ( La vision religieuse....)

Différence et répétition

Gerry de Gus Van Sant (2002)
La chambre des officiers de François Dupeyron (2001)
Le temps qui reste de François Ozon (2005)


Für Alina (1976)
«C'est dans cette pièce que j'ai découvert les séries d'accords parfaits dont je fis ma règle très simple de fonctionnement». A.P.

1968 année cinémato-graphique



Il était une fois dans l'ouest

Rosemary's Baby
Œdipe Roi
Le rite
L'heure du loup
La honte
L’Affaire Thomas Crown
La Planète des singes
The Party
La piscine
Baisers volés
Roméo et Juliette
Sympathy for the devil
2001, L'odyssée de l'espace
Le bal des vampires
Le bon, la brute et le truand
Je t'aime, je t'aime
Cérémonie secrète
Théorème
L'étrangleur de Boston
La nuit des morts vivants
La mariée était en noir
La prisonnière
Le pacha
If
Funny girl
Bullit
La femme infidèle
Les producteurs

Easy rider
Barbarella
Le Lauréat

La chamade
Les biches

La femme en ciment



Ainsi parlait Nietzsche

E N I G M E (S)

Le premier alignement se produit au tout début (générique). Nous sommes sur la lune observant la Terre et le soleil en arrière plan. La deuxième apparition, "The Dawn of Humanity" l'axe est celui de cette photo. Le monolithe est donc sur Terre. Cette première constatation qui nous met face à la première véritable énigme du film. Est-ce le même ou un autre? Une représentation, un symbole ou une réalité? La troisième apparition, sur la lune alors que Floyd est notre témoin de cette découverte extraordinaire (sensée être au présent du film, c'est à dire en 2001). Nous apprenons que le monolithe y a été enterré volontairement voici 5 millions d'années! Cette séquence qui pose la base énigmatique du film va se clore sur un bruit assourdissant dégagé par le monolithe. De ces 3 (premières) apparitions nous tentons, pauvres rationalistes que nous sommes, de faire notre chronologie et d'en dégager une véracité scientifique.
Toute la force de la mise en scène provient du fait que ce ne sont que les images qui nous parlent de l'essentiel, les dialogues sont, à dessein, pauvres et banals. Ils ne renseignent que sur le factuel (anniversaire de la petite fille, la discussion entre les russes et Floyd dans la station). La progression narrative et assurée par l'évolution visuelle du film. Il me semble intéressant de noter la volonté du réalisateur d'être au plus juste de l'avancée technologique et scientifique. De plus, sous l'apparence d'images anodines, je pense à l'approche du vaisseau vers la station, les premiers indices de notre perte de repère se fait sentir. La danse spatiale en fonction du point de vue que la caméra, donc le spectateur, occupe nous voyons tourner un autre référentiel. Rappellons-nous des facettes noires et profondes du monolithe, objet fini, qui, de par ses arrêtes, est un référentiel orthogonal du film (axes Ox, Oy et Oz).
Le deuxième chapitre, le voyage vers Jupiter, s'ouvre sur l'une des plus belles séquences de toute l'Histoire du cinéma (sans 's'!!). La mission dirigée par le capitaine Bowman doit de rendre sur Jupiter. Le vaisseau est contrôlé par HAL 9000 un ordinateur doué de pensée et surtout capable de ressentir de l'émotion. Ce qui m'intéresse dans cette partie se situe au sein du processus décisionnel géré entre l'Homme et la machine qui peu à peu va prendre le contrôle de la situation. Lorsque HAL demande à Franck de lui montrer ses dessins on voit qu'il est capable de ressentir un sentiment et de se faire une opinion sur la chose qui appartient le plus en propre à l'espèce humaine, à savoir l'Art. Soudain HAL signale une défaillance du système antenne qui risque de tomber en panne dans ?? heures. Que s'est-il passé dans la tête de l'ordinateur pour qu'il mette en péril la mission dont il était le principal garant. Nous allons assister au premier assassinat programmé/prémédité par une machine. Son but est clair, se débarrasser de tout l'équipage afin d'accomplir seul cette mission. La question (à ce moment du récit) qui revient chez le spectateur est double: est-ce une volonté programmée par les donneurs d'ordre sur Terre ou bien une mutinerie orchestrée par la seule volonté de HAL? A-t-il pris goût au pouvoir comme les hommes ? L'Homme descend du Singe et la machine descend de l'Homme. Cherchez l'erreur!
Tout se passe comme si nous étions témoins sidérés d'une prise de pouvoir sans violence (apparente) et surtout sans action directe. La machine est devenue humaine et les hommes sont devenus des robots; la scène de la sortie dans l'espace avec les modules est à ce propos très exemplaire et donc machinale. Les hommes sont le prolongement de la pensée de HAL. Cette inversion des valeurs post-Nietzschéenne nous met en face de nous-mêmes, spectateur hypnotisé par un spectacle d'une banalité absolue (une réparation par exemple) mais d'une conséquence éthique sans limite. Cerise sur le gâteau nous sommes stupéfaits par la mise en scène d'une absolue beauté qui ramène l'action (au sens scénaristique) à son degré zéro de l'écriture. Nous sommes devant un spectacle pur. Tout est centré sur l'émotion que nous ressentons qui ne passe pas par la raison ou la cognition mais par les sens (vue, ouïe). En somme une vision inouïe nous est donnée.
La langage en question: nous sommes témoins (comme nous l'étions "à l'aube de l'humanité", mais à l'inverse) de l'extinction du langage. Après la "mort" de HAL, le film ne sera que visuel et musical.
La musique de Ligeti prend alors un sens particulier, le Lux Aeterna et ses voix mélangées occupent tout l'espace et le temps.
L'idée de cycle, de circularité qui n'a cessé d'obséder Kubrick, va trouver ici un climax.
L'entrée dans l'atmosphère de Jupiter puis l'arrivée sur la planète est la quatrième et dernière partie du film, la plus originale et intrigante. Elle boucle le film en ce sens que nous retrouvons le monolithe qui finalement est la seule constante au récit.



"On n'aime que ce qu'on ne possède pas tout entier." (M. Proust)