vendredi 1 mars 2019

Extractions


La passion pour la raison versus la raison dans la passion 


La pensée de la fin comme la pensée de l’origine sont des énigmes insolubles pour l’esprit humain. Nous nous perdons dans cet obscur infini fait de conjectures, à la fois rassurantes et inquiétantes, où nous tentons de trouver des causes et des raisons à ces questions métaphysiques pour tenter d’obtenir des solutions rationnelles mais aussi irrationnelles, comme dans la foi et dans la croyance. Dans les deux cas ce ne sont que des leurres car ni la science (pour le moment), ni la religion ne peuvent et ne savent répondre à ces questions cruciales. Il est même surprenant de constater que l’on (re)trouve un réconfort dans l’irrationnel, où soudain la réponse devient lumineuse, et de l’angoisse dans le rationnel, car la solution demeure insatisfaisante et au-delà de la raison. L’Homme est ainsi fait qu’il préfère croire à des chimères qui inhibent toute frustration, plutôt que de tenter d’expliquer l’insurmontable par des réponses, certes frustrantes car incomplètes, mais qui sollicitent la raison raisonnante.
Je préfère souffrir dans la rationalité plutôt que de trouver un bonheur illusoire dans la croyance.
Je ne peux m’empêcher de penser à Pascal ...
La rationalité doit toujours être pensée et expérimentée jusqu’à son paroxysme, et l’esprit doit sans cesse s’approcher de cette frontière, limite entre l’explicable et l’inexplicable. On doit faire confiance à la raison et à la science qui finissent toujours par « triompher ». C’est bien ce que l’Histoire nous enseigne. Ce qui nous semblait obscur et inexpliqué jadis, est maintenant dans les « normes » de la rationalité et il ne nous viendrait pas à l’esprit de remettre en cause certains phénomènes ou toute autre chose qui apparaissait comme magiques. La seule raison fait évoluer les connaissances et les scientifiques sont les guides de cette même Raison. Elle permet même dans certains cas de remettre en cause des pensées philosophiques que l’on croyait immuables, ce que Maurice Merleau Ponty nomme des « découverte philosophiques négatives ».
Laissons à la raison tout un pan de l’explication du monde pour se consacrer aux véritables mystères et explorer les chants (champs) de l’âme, constitutifs de l’être.



La pensée et le verbe 

Il faut du temps pour devenir soi-même, et quand nous croyons l’avoir atteint, en sommes-nous toujours certains ? Rien n’est moins sûr. En tout état de causes, nous sentons que nous appréhendons le réel autrement et nos relations avec les autres dans notre imaginaire rejoignent celles que nous développons dans le réel. Il nous semble qu’il y a un plus grand accord entre la perception idéelle des relations et la manière dont nous les vivons dans la pratique. Elles sont certes plus rares, au fil du temps, mais tout ce que nous avons développé en silence s’exprime à des moments particuliers. Émerge alors du fond de notre être une vérité que nous côtoyons depuis longtemps en nous-mêmes, qui nous paraissait familière et qui s‘esquissait malgré nous et qui, au travers de la friction avec l’autre, du dialogue et surtout de la discussion, se révèle comme une nouveauté encore différente. Être surpris par nos pensées exprimées se révèle alors comme un paradoxe constitutif de l’élaboration de ces mêmes pensées. C’est dans cet écart que nous mesurons le chemin parcouru, et l’accouchement des mots qui littéralement sortent de notre esprit par notre bouche sont des découvertes inouïes. Elles alimentent à leur tour la réflexion et le peau-finement ou le raffinement de la pensée, la sculpture et le polissage des idées. Sans l’autre nous ne pouvons évoluer et expérimenter notre réflexion. La confronter, l’exposer, la faire grandir et l’éduquer pour la rendre autonome et singulière, à défaut de rester dans le solipsisme, est l’unique manière de faire croître une réflexion.
Toute réflexion est d’abord un embryon qui se développe en nous, puis grandit, se développe en idée fœtale et duquel on accouche.

Des films de Philippe Harel se dégage toujours une extrême douceur qui me fait penser à ceux de François Truffaut.

Devenu nomade, je suis ex-sédentaire.



De l’invisibilité

Je me suis toujours posé la question suivante : « existerait-t-il des auteurs qui, ayant produit une œuvre, que ce soit dans les arts ou dans le domaine de la pensée, sont demeurés invisibles et inconnus aux yeux du monde ? »
La fascination que nous pouvons avoir pour un artiste ou un auteur est le seul fait de sa notoriété qui n’est finalement que le reflet de la reconnaissance qu’il a pu avoir au fil du temps, et malheureusement notre attrait pour des auteurs émergents reste marginal. J’ai même le sentiment qu’un auteur non reconnu par d’autres ne possède aucun poids vis à vis de la seule notoriété d’un autre qui suffira à propager son œuvre. Cette reconnaissance est une convergence multi factorielle dont l’une d’elle est de correspondre à l’air du temps et de pouvoir s’inscrire dans une mode c’est à dire à s’inscrire dans un modèle qui soit existe déjà, soit vient combler un manque. Je ne mets pas, dans ce raisonnement, de côté l’importance du style qui est l’objet d’une autre analyse.
Tant d’auteurs restent méconnus et ou inconnus, tant d’artistes sont passés inaperçus aux yeux du monde. Je souhaiterais dédier ces quelques lignes aux oubliés de l’histoire, aux silencieux et autres passionnés qui n’ont jamais pu être lus, vus, entendus ou touchés. Il sont demeurés dans l’ombre du monde et des idées ou des formes. Ils n’existent pas aux yeux du monde et n’existeront jamais à moins qu’ils aient laissés des traces que l’on découvrira un jour... Et j’admire par dessus tout ceux qui sont volontairement restés dans l’ombre du monde sachant qu’ils développaient, pour certains, des idées ou des œuvres majeures pour l’histoire de la pensée ou des arts. Cette invisibilité n’est pas la preuve d’un talent amoindri mais une vision du monde dans lequel la visibilité est, malheureusement, la seule façon d’exister et d’être reconnu.


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