mercredi 21 janvier 2015

De l'ombre à la lumière...

Le parcours initiatique d'un jeune homme où l'adaptation et l'intégration dans un univers carcéral le conduisent à devenir quelqu'un, c'est-à-dire un être "respectable".
La lumière est sans doute l'objet du film, celle qui nous permet de voir mais aussi de deviner les contours, autrement dit le présent des faits et peu à peu leur futur à travers la vision subjective de Malik ; un transfert d'énergies qui trouve son origine dans un meurtre.
Au travers de la relation entre César (Corse que l'on respecte dans la prison) et Malik, basée sur un jeu de pouvoir à sens unique pendant la majeure partie du film, nous assistons à une ascension fulgurante. Cet univers clos et violent reprend, en raccourci, tous les codes et stratégies de la société. Les grandes décisions et la tête des réseaux se concentrent dans ce lieu privé de liberté, que l’on nomme "la centrale".
Le cinéma est l'Art du Temps. La contrainte de l'enfermement dans une prison est un élément du réel mais en même temps conceptuel, qui permet de rendre paroxystique une ou des situations données, c'est à dire de plonger les protagonistes dans un contexte quintessenciel. Les personnalités et actions sont ainsi exacerbées mais toutefois justes. Les grands films sont ceux qui démontrent (pour ne pas dire qu'ils montrent) que le scénario est au service de la forme. Audiard a ce don, à partir d'un matériau brut et sauvage, de faire naître, de par son style, une poésie co-substantielle à ce qu'il filme et ce qu'il nous raconte. Cadrages serrés, mouvements d'appareils, légèreté de la caméra et lumière en sont ses composantes.
Comme tout grand film , Un Prophète montre une transformation, un changement d'état que le style accompagne en même temps que le(s) personnage(s).


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